Quand les orques attaquent !
Depuis un an environ, la côte ouest de la péninsule ibérique est le théâtre d’attaque d’orques sur des bateaux de plaisance. Des plaisanciers croisant au large se sont retrouvés encerclés par des groupes d’orques. Ayant reçu des déclarations de sinistre de quelques assurés, nous souhaitions faire le point sur ce phénomène nouveau qui a néanmoins occasionné plus de frayeurs que de gros dégâts...
Mais que se passe-t-il ?
Depuis l’été 2020, les attaques se sont multipliées sur une zone allant de Gibraltar au Cap Finistère (Galice). Si les spécialistes avancent certaines hypothèses il n’y a pas de certitude quant à la cause de ces incidents, ces évènements se sont déclenchés suite au confinement mondial lié à la crise sanitaire du Covid 19, il est donc probable que l’absence momentanée de bateaux dans la zone et leur soudain retour soient liés à ce comportement agressif.
Des groupes d’orques pouvant compter jusqu’à une vingtaine d’individus encerclent les bateaux et les suivent sur plusieurs miles. Durant cette poursuite, ils viennent percuter la coque et s’attaquer à tout ce qui dépasse, en particulier les safrans.
Que faire ?
Auparavant, les autorités ont conseillé aux victimes d’attaques de stopper le bateau et de le laisser dériver, remontant tout ce qui pourrait trainer dans l’eau en espérant que les cétacés se désintéressent d’eux. Mais il semblerait que cette technique ne soit pas toujours efficace.
La plus sûre est encore de mettre le cap vers la côte. Les orques plus à l’aise au large ne vous y suivront probablement pas et en cas de dommages sur votre bateau, plus vous serez proches de la terre, plus court sera le remorquage.
Malgré tout, même si leur comportement est effrayant, n’oubliez pas qu’il s’agit d’un animal sauvage qui obéit à son instinct.
Rappelez-vous : vous êtes sur leur territoire, et non pas le contraire.
Mais pourquoi attaquent-ils ?
Chez les orques le mimétisme est un réflexe et il est l’outil principal de l’apprentissage.
Il se peut qu’un seul individu, ayant développé une certaine agressivité suite à un traumatisme lié aux humains, ait influencé ses congénères.
Profitant du confinement pour investir la côte ouest du Portugal, il aurait ainsi pu répandre cette fâcheuse habitude au sein d’autres groupes locaux.
D’autres théories avancent que certains groupes ont profité de l’absence de bateaux pour faire de cette zone leur lieu de mise-bas. Très protecteurs envers les jeunes, ils verraient d’un mauvais œil l’arrivée d’intrus.
Il est également possible qu’ils aient assimilé l’homme à la pêche. Stressés par le manque de nourriture et dérangés par le trafic, ils s’approcheraient des bateaux pour y chercher de la nourriture.
Néanmoins, si un animal de cette taille souhaitait vraiment attaquer un bateau, il n’aurait a priori aucun mal à le faire couler. Nous parlons de groupes de dizaines d’individus capables de briser une couche de glace ou même de tuer une baleine ! C’est pourquoi la thèse du jeu est également avancée.
Pour votre culture personnelle…
Affublé du terrible surnom de baleine tueuse (killer whale en anglais), l’orque, ou épaulard, n’est pas une baleine mais un dauphin. C’est d’ailleurs le plus grand membre de la famille des delphinidés pouvant atteindre une taille de 8 m et un poids de 6 tonnes.
Vivant en groupes familiaux pouvant aller de 3 à une trentaine d’individus, ce cétacé se nourrit en suivant les bancs de poissons.
Si son faciès et sa silhouette lui donnent un air inoffensif il n’en demeure pas moins un prédateur intelligent et redoutable capable de s’en prendre à toute sorte de proies et utilisant des techniques de chasse des plus perfectionnées.
Sur la côte ouest américaine il chasse la baleine et même le grand requin blanc ;
En Argentine, il se laisse échouer sur les plages pour attraper les otaries ;
Près des pôles, il est capable de briser la glace pour attaquer phoques et manchots.
Bref, c’est un prédateur au sommet de la chaine alimentaire, doué d’une redoutable intelligence.
L’homme et l’orque interagissent depuis toujours et bien avant qu’on ait eu l’idée de les enfermer dans les bassins des parcs aquatiques. Etrangement il n’y a pas de cas d’attaque mortelle avérée sur l’homme dans son milieu naturel et il arrive même que certains individus cherchent ponctuellement la compagnie des humains. L’orque est un animal sociable et très curieux, l’homme et ses diverses inventions flottantes semblent être un sujet d’étude passionnant pour nos cétacés.
Les rares accidents rapportés sont plutôt liés à la maladresse d’un individu curieux s’approchant trop près d’un plongeur, kayakiste ou nageur…
Quand l’occasion se présente l’orque n’hésite pas à se servir de nous pour faciliter sa chasse.
Entre mai et septembre, au nord du Maroc, certains se servent directement dans les filets des pêcheurs locaux venus pêcher le thon rouge.
Ce qui est certain c’est qu’entre la chasse, la capture et la surpêche, il ne pourra jamais nous faire plus de mal que nous lui en avons déjà fait.