La véritable histoire de Christophe Colomb
Dans cette nouvelle série, nous allons nous intéresser à la véritable Histoire, celle avec un grand H !
Nous allons dépoussiérer les aventures de grands navigateurs pour lesquels vous pensiez déjà tout savoir et avoir tout entendu.
Et comment ne pas commencer par LA superstar des navigateurs…
Partie 1 – Christophe Colomb
Les américains l’appellent Colombus, les espagnols Colon et nous Colomb mais son vrai nom est Cristoforo Colombo. Par souci d’universalité on retranscrivait à l’époque les noms propres en latin, avant que chacun les retraduit approximativement dans sa propre langue.
Mais en ce qui concerne notre Colomb(o) on ne se trompe pas que sur son nom :
1- Il n’a pas découvert l’Amérique
Non, non ! S’il a bien découvert une petite île de l’Archipel des Bahamas aux Antilles, une grande partie des Caraïbes, le Vénézuela et une partie de l’Amérique centrale, ce n’est pas le premier occidental à avoir foulé le sol du continent américain.
Les Vikings, ayant déjà quelques colonies au Groenland ont atteint les côtes du Canada, précisément à Terre Neuve environ 500 ans auparavant. Nous en parlerons dans un prochain sujet.
Mais si vous aviez vécu au 15ème siècle et que l’idée vous était venue d’aller le trouver pour le féliciter de sa découverte des Amériques, il vous aurait probablement répondu : Améri…quoi ?
La grande ironie de l’histoire c’est que Colomb est mort sans savoir qu’il avait découvert un nouveau monde qu’on nommera « Amérique » quelques années plus tard.
2- Lui et ses contemporains savaient que la terre était ronde
On sait depuis l’antiquité que la terre est ronde et on en a même assez précisément déterminé la circonférence (Eratosthène l’a fait V siècle avant JC à l’aide d’un bâton et d’un chameau, prenez 5 minutes pour faire une recherche sur Internet, ça vaut le détour).
Colomb, ses marins et même la cour d’Espagne, qui finançait ce voyage, n’en ont même jamais douté…
Il est vrai que pendant l’inquisition l’Eglise organisait bûcher sur bûcher, invitant par milliers les contestataires, pseudoscientifiques, prétendues sorcières et autres indésirables, à alimenter le brasier.
Mais avant cette sombre période, la rotondité de notre astre était tout à fait admise !
3- Il ne croyait pas être arrivé en Inde
En débarquant aux Antilles le 12 octobre 1492, Colomb et son équipe sont tombés sur des autochtones nus, pacifiques avec le teint mat et des traits vaguement asiatiques. Grands admirateurs des récits de Marco Polo, il pensait être arrivé sur l’Archipel de Cipango : Le Japon.
Alors à l’époque on appelait « Indes » presque tout ce qui se trouvait à l’est de l’Arabie (à part la Chine qu’on appelait… la Chine). Dans le doute il nomma indiens les habitants de cet archipel.
Il était bien parti pour ouvrir une route commerciale vers les Indes, qu’il chercha en vain lors de ces voyages suivants, mais il n’a pas considéré qu’il y fût arrivé.
Il entreprit en tout 4 voyages entre 1492 et 1504 et ne toucha le continent qu’il cherchait tant que lors du 3ème en accostant au Vénézuela.
4- Un grand navigateur oui mais un humaniste non !
Financé par la couronne d’Espagne, on attendait de lui qu’il ouvre cette route commerciale qu’il promettait et qu’il couvre ses mécènes de gloire et de richesses.
Arrivé sur place, il n’eut qu’une obsession, ramener de l’or dont parlait Marco Polo dans ses récits.
Même s’il en ramena de son premier voyage, il comprit également que les indiens feraient des esclaves de qualité et que leur commerce pourrait s’avérer lucratif.
Il ramena de son deuxième voyage 500 Arawaks, une population autochtone caribéenne.
200 d’entre eux périrent pendant le voyage (malnutrition, variole et autres maladies) et les 300 restants furent vendus.
Lors des 2 expéditions suivantes il établit des colonies notamment sur l’ile d’Hispaniola (future Cuba) et commença à asservir les tribus locales.
Parmi toutes ces îles, il cherche le continent et faute de le trouver décréta que l’ile d’Hispaniola (Cuba) était cette fameuse péninsule du continent asiatique qu’il cherchait tant. Il le fit certifier par écrit à tous ses marins (de la Niña avec qui il est parti en exploration). Toute déclaration contraire leur faisait encourir amendes et emprisonnement.
Il faut toutefois remettre tous ces éléments dans leur contexte de l’époque où l’esclavage et l’évangélisation forcée était monnaie courante auprès des différentes populations conquises (notamment en Afrique).
Face à la difficulté à trouver des marins pour ses premières expéditions, il a même recruté des repris de justice directement en prison.
Sur place les colons manquaient de tout. Les conditions de vies déplorables et les tensions avec les autochtones (qu’ils avaient un peu provoquées) ont forcément donné lieu à des débordements.
Face à la nécessité de rentabiliser ses voyages Colomb a usé de tous les moyens pour arriver à ses fins, au détriment des populations locales. Devant rendre des comptes à la Cour d’Espagne il a probablement été aveuglé par la pression exercée par ses mécènes.
5- Il a terminé sa vie dans l’anonymat et l’oubli
En Espagne, même l’été, les ibères sont rudes (excellent jeu de mot). Ne voyant pas arriver l’or et les richesses promises, Colomb fût suspecté de détournement. Un émissaire du nom de Bobadilla fut également envoyé par le roi d’Espagne pour aller constater sur place le terrible traitement infligé aux autochtones. Indignées, plusieurs cours d’Europe, en particulier celle d’Espagne, très catholique affranchirent leurs esclaves et condamnèrent ces pratiques.
Colomb revint même de son 3ème voyage en prisonnier et dû attendre 2 ans pour avoir l’autorisation de repartir. Sur place il dut faire face, lors de son dernier voyage, à de nombreuses révoltes amérindiennes et des mutineries au sein de ses marins et colons.
Il termina donc sa vie dans une luxueuse villa de Valladolid dans l’oubli le plus total, sans même imaginer la portée de ses découvertes !
Au-delà de cette découverte fortuite (ou sérendipité pour les puristes) du continent américain les vrais exploits qu’il a réalisé sont :
- d’avoir réussi à convaincre un monarque de financer une coûteuse expédition pour un résultat à priori plus qu’incertain.
- d’avoir été au bout de ses convictions en prenant la mer avec de simples estimations sur les distances qui le séparaient des indes qu’il espérait trouver.
Il a sans le savoir ouvert la voie à de nombreux explorateurs. De son héritage sont nées les grandes expéditions. Nul doute que les Vespucci, Magellan et Cook lui doivent un peu leurs découvertes.