La véritable histoire des Vikings

De redoutables guerriers

Le terme Viking désigne donc des guerriers – explorateurs issus d’un ou plusieurs clans alliés, menant des raids le long des côtes et des fleuves européens, s’attaquant aux villages, fermes et monastères sur leur chemin, à la recherche d’or et d’esclaves. Combattants malins et opportunistes ils privilégiaient les attaques-surprises aux batailles rangées. Leurs cibles favorites : les églises, qu’ils attaquaient le dimanche quand tout le monde était à la messe. De quoi se faire des amis chez les Chrétiens !
En clair : des Pirates ! D’ailleurs le mot viking, est issu de l’expression « Fara U Vikingu » en vieil Islandais qui se traduit « partir en rapine/en piraterie ».

Il faut remettre les choses dans leur contexte : Les terres scandinaves étaient peu fertiles et gelées une grande partie de l’année. Mise à part la pêche, les ressources agricoles étaient plutôt limitées, les pillages étaient donc une nécessité. Après avoir écumé le littoral de la Baltique ils se sont aventurés à l’Ouest et sont tombés sur l’Angleterre, se faisant connaitre des grandes monarchies Européennes en 793 avec le pillage du monastère de Lindisframe. A la vue de richesses aussi mal défendues ils ont continué ainsi pendant plus de deux siècles, principalement sur la Grande Bretagne et sur le Royaume Franc. En 835, sous le commandement du légendaire Ragnar Lodbrok ils s’engouffrent dans l’embouchure de la seine, prennent Rouen et après avoir dévasté la région continuent leur remontée jusqu’à Paris qu’ils attaquent le jour de Pâques… ils avaient en effet un certain sens du timing…
Ils acceptèrent de lever le siège suite au paiement d’une lourde rançon, ce qui ne les empêchera pas d’y revenir à trois reprises dans les décennies suivantes. En 911, impuissant et lassé par ces agressions répétées, Charles III dit le Simple (surtout le pragmatique), roi des Francs, céda des terres aux abords de l’embouchure de la Seine au chef Viking Rollon (père de Guillaume le Conquérant) : ainsi est née la Normandie.

Leurs violentes incursions se sont calmées au cours du Xème siècle pour plusieurs raisons :

• Un réchauffement climatique donnant de meilleurs récoltes sur leurs propres terres
• L’établissement de colonies dans les actuelles France et Angleterre
• Leur conversion au Christianisme
• Le début des grandes découvertes viking….

De brillants explorateurs…

De L’Islande au Canada

Animés par ce besoin d’expansion ils découvrent et colonisent l’Islande au IXème siècle après J-C.
Les fameuses sagas Vikings sont truffées d’informations historiques très souvent confirmées par les fouilles et travaux archéologiques.

L’une d’entre elles raconte l’histoire d’Erik le rouge, nommé ainsi à cause de sa chevelure rousse. Viking de Norvège ayant émigré en Islande suite au bannissement de son père pour meurtre, il se fait à son tour bannir d’Islande pour les même raisons (une vraie famille de poètes) et décide de prendre la mer vers l’Ouest où il découvre le Groenland : la terre verte. Ces Islandais créent des colonies sur cette vaste terre plutôt hospitalière. Intrigué par la présence d’oiseaux et de débris flottants venus de l’ouest, remarqués lors d’expéditions de reconnaissance, Leigh Erikson, fils d’Erik le Rouge décide de s’aventurer encore un peu plus loin et fini par découvrir Terre Neuve. Il nomma cette terre VinLand, la terre des vignes, à cause des nombreuses vignes sauvage qu’il y trouva.
Longtemps décriés, ces récits ont été validés il y a quelques années après que des restes de constructions et d’objets vikings, datés du Xème siècle, aient été retrouvés proche de l’embouchure du fleuve Saint-Laurent. Les sagas racontent même la rencontre avec des autochtones (des Amérindiens donc) particulièrement hostiles. Cinq siècles avant Colomb ils ont donc découvert le continent Américain, mais ont finalement rebroussé chemin pour se concerter sur les colonies déjà existantes.

Voyages vers le Moyen Orient

Redoutables Guerriers mais aussi habiles commerçants, nos hommes du Nord ont ouvert des véritables routes commerciales en utilisant les fleuves.
Les « viking de l’est » originaire de l’actuelle Suède ouvrent notamment une route vers Kiev en remontant la Dniepr et arrivant jusqu’en Mer Noire.
Ils remontèrent également la Volga atteignant les steppes du Caucase où ils commerçaient avec les Bulgares de la Volga et les Turcs Khazars. Ils la remontèrent jusqu’à la Mer Caspienne, atteignant l’actuel Iran. Les écrits musulmans de l’époque confirment des échanges avec ces commerçants scandinaves. Ils s’étonnaient notamment de leur grande taille, de leurs cheveux blonds et de la façon dont ils brûlaient leurs morts. Récemment, une bague comportant une inscription « Pour Allah » en Arabe a été retrouvée au doigt d’une femme dans une sépulture datant du IXème siècle à 25 km de Stockholm. Probablement le cadeau d’un marchand de retour de voyage à sa femme. Preuve que les échanges culturels existaient bien avant la mondialisation.

….et de grands navigateurs

Tous ces voyages et expéditions sont le fruit d’un artisanat de qualité et de connaissances scientifiques très modernes dont jouissaient les scandinaves

Les navires

Encore une fois nous allons déboulonner un monument….
Le mot Drakkar est une invention française (Cocorico !) extraite de livre Archéologie navale, d'Augustin Jal en 1840. Il a détourné le mot « drake » issu du suédois moderne signifiant Dragon en référence aux figures de proues qui ornaient les bateaux.

En réalité les Vikings utilisaient principalement deux types de bateaux pour leurs expéditions :

• Le Kaupskip, bateau non ponts, utilisant plutôt la voile et fait pour le transport. Il était utilisé pour les voyages commerciaux.
• Le Langskip, bateau ponté utilisé pour la guerre.

C’est ce dernier qui a fait la légende et la force militaire des Scandinaves. C’était un bateau à fond plat avec pour quille une lourde traverse de bois s’étirant tout au long de la coque. S’il disposait d’une voile escamotable, qui était utilisée lorsque les conditions étaient favorables, le moyen de propulsion privilégié était la rame. Cela en faisait un bateau rapide et maniable en toute situation, idéal notamment pour remonter les rivières et accoster facilement.
Outre le faible tirant d’eau conféré par son fond plat, il était possible de le transporter par la terre d’un cours d’eau à l’autre en le faisant rouler sur des rondins.

La technologie

Avant l’introduction de la boussole en Europe, la navigation hauturière était plutôt complexe.
Autant de nuit, leurs connaissances astronomiques leurs permettaient de suivre un cap, mais de jour cela devenait plus compliqué.
Ils ont donc mis au point un outil qui allait révolutionner la navigation : le compas solaire. Il ne s’agissait ni plus ni moins que d’un disque avec un bâton vertical (appelé gnomon) en son centre. En traçant, avant leur départ, l’ombre du gnomon sur le disque tout au long de la journée ils obtenaient une courbe passant au plus près du centre, dans la direction du nord leur permettant ainsi de définir un axe Nord Sud. Une fois en mer il suffisait donc d’ajuster la trajectoire du bateau pour faire coïncider l’ombre du soleil avec le tracé fait à terre.
Même si le sujet fait débat, les écrits de l’époque parlent d’une « pierre de soleil », un minéral permettant la polarisation de la lumière leur permettant d’utiliser leur compas même par mauvais temps. Mais encore aujourd’hui cette pierre n’a pas été réellement identifiée.

Etant resté un peuple païen jusqu’à la fin du Xème siècle et s’attaquant aux lieux de Culte, l’Eglise Catholique, qui avait à l’époque le monopole de l’écriture et de la diffusion de l’information, a particulièrement insisté voir exagéré le côté barbare et sanguinaire des guerriers Scandinaves. Il faut l’avouer ces Grands Blonds (avec des chaussures en peau) avec leurs violentes incursions étaient de très mauvais ambassadeurs auprès des Royaumes Européens, qui ne savaient pas à quel point la société Scandinave était organisée, technologiquement avancée et clairement tournée vers le commerce.