Le nord-est de la Sardaigne : un petit air de Caraïbes
Arrivée : la situation
La Sardaigne est grande : l’île mesure 140 milles marins de long et 75 milles marins de large. Pour en faire le tour, il faut donc parcourir 450 milles marins. Alors mieux vaut choisir un côté de l’île pour planifier une croisière. Et pour la majorité des gens, la décision est vite prise : ils mettent le cap sur le nord-est de l’île. Cette vaste côte sauvage, fréquentée par les célébrités et les riches dans leurs superyachts, et les îles que l’on trouve au large offrent des destinations dignes d’une carte postale par dizaines.
Mais avant de nous pencher sur l’épicentre nautique de la Sardaigne, posons-nous un instant cette question : les autres côtés de l’île n’ont-ils vraiment rien à offrir ? Commençons par la côte ouest, le vilain petit canard de la Sardaigne. On y trouve seulement une poignée de ports (dont l’accès à certains est peu profond, voire sableux), et ce côté de l’île est également très exposé au mistral, qui souffle souvent. La partie sud de la côte est est plate et avec ses plages de sable qui s’étendent sur des kilomètres, elle est parfois un peu monotone. La côté sud est complètement différente : entre la capitale de la Sardaigne, Cagliari, et les îles de San Pietro et Sant- Antioco, on trouve huit ports et une bonne vingtaine d’ancrages. Cette région est la plus calme de la Sardaigne et elle est idéale pour les aventuriers ou ceux qui préfèrent la solitude.
La destination incontournable est donc la côte nord-est et ses innombrables ancrages et plages de sable blanc, qui rappellent les Caraïbes. Ici, un village portuaire laisse place à l’autre, et les îles enchanteresses de l’archipel de la Maddalena semblent suspendues dans le bleu azur de la mer. Le labyrinthe de passages étroits, d’îles et de baies offre une variété de paysages impressionnante pour un si petit espace. Et si vous traversez les Bouches de Bonifacio toutes proches, vous trouverez de nombreuses autres destinations sur la côte sud de la Corse. En bref : oui, si la côte nord-est est la côte numéro un en Sardaigne, c’est à juste titre !
MISE À L’EAU : LE CHALLENGE
Mais la côte est est considérée comme une zone de croisière difficile. Elle doit cette réputation notamment au nombre impressionnant d’îles et de rochers qui parsèment la côte, tels des confettis. Ce terrain miné de rochers émergés ou non réserve donc de nombreux dangers. Il n’y a aucune autre région au monde où les compagnies maritimes rencontrent autant de problèmes et les bateaux subissent autant de dommages dû aux fonds. La bonne nouvelle cependant, c’est que si vous naviguez prudemment, que vous gardez un œil sur les cartes marines très détaillées et que vous évitez les raccourcis, vous devriez vous en sortir sans accrocs.
Les principaux vents amènent eux aussi leur lot de défis en Sardaigne. Comparé à d’autres destinations de la Méditerranée, les vents y sont souvent plus forts. Dans les Bouches de Bonifacio en particulier, où les vents se glissent entre les hautes falaises des côtes corses et sardes, et où un mistral tempétueux se lève parfois du Golfe du Lion jusqu’à la Sardaigne. De plus, le nord-est est constamment balayé par un vent thermique dû aux hautes pressions atmosphériques estivales, qui souffle parfois du sud ou du sud-est avec jusqu’à cinq rafales durant la journée. En Sardaigne, les marins qui ne connaissent la Méditerranée que comme une vaste étendue d’eaux peu profonde seront servis en termes de vent, sans aucun doute !
MOUILLAGE : PORTS ET ANCRAGES
Les très bonnes infrastructures portuaires et les nombreux ancrages en revanche, facilitent la planification d’une croisière. Il n’y a pas d’autre endroit dans l’île où la densité de ports est plus importante qu’ici, au nord-est : au fil des 35 milles marins qui séparent Olbia de la côte sud de la Corse, vous avez le choix entre vingt marinas. Vous pouvez mouiller dans la marina Marinella, un charmant petit port dans une baie naturelle, pour découvrir l’animation de la ville portuaire de Maddalena. Et bien sûr, il y a un port huppé à ne pas manquer ! Porto Cervo regorge de boutiques, de restaurants et d’hôtels luxueux pour répondre aux besoins des plaisanciers en yachts qui sont légion ici. Le charmant port de Portisco ou les ports locaux de Palau ou Olbia sont nettement plus authentiques. Dans la région, il ne faut pas non plus passer à côté du port de Bonifacio en Corse, avec son magnifique port naturel et sa ville construite sur un rocher calcaire !
Et parlons un peu des baies – impossible de ne pas comparer les paysages aux Caraïbes : on trouve des dizaines de baies paradisiaques au nord de la Sardaigne, avec des plages d’un sable si fin qu’on pourrait l’utiliser dans un sablier. Elles sont parfois peuplées d’une colonie de parasols comme la baie de La Colba à Capo Testa, et d’autres sont complètement désertes, comme Porto Liscia, qui s’étend sur un kilomètre. Si la petite crique en face de la célèbre Tahiti Beach est surpeuplée, Cala San Marina reste un spot calme même en haute saison. Mais il y a une chose que vous devez savoir : les îles de l’archipel de la Maddalena se situent dans un parc national, et vous devrez y acheter un ticket de stationnement et respecter certaines règles de navigation. Autrement, vous pouvez jeter l’ancre librement partout dans la région, ou vous amarrer dans l’une des zones de mouillage, qui garantissent une nuit sereine dans la baie, même pour les débutants.
PLANIFICATION : LES OPTIONS DE CROISIÈRE
Presque toute la flotte de bateaux de location en Sardaigne se situe autour d’Olbia au nord-est de l’île. Si vous débutez votre croisière ici, vous devez absolument commencer par mettre cap sur la Costa Smeralda, puis sur l’archipel de la Maddalena et les Bouches de Bonifacio. Si vous rejoignez ces destinations en zigzaguant à travers les îles, vous aurez parcouru un peu plus de 100 milles marins – une distance idéale pour une croisière décontractée à la semaine. Cependant, vous pouvez décider de prolonger le voyage à tout moment, puisque les endroits où s’arrêter un peu plus longtemps ne manquent pas, à l’image de la côte nord bien développée de la Sardaigne, entre Capo Testa et l’île d’Asinara. Cinq villes portuaires et 20 ancrages bien décrits font de l’île un spot idéal pour ceux qui souhaitent parcourir quelques milles de plus. Il en va de même pour la côte ouest de la Corse.
Et si le mistral pousse la crête des vagues vers ce côté de l’île, les côtes ouest de la Corse et de la Sardaigne offrent un abri et encore davantage de destinations paradisiaques. Les options d’itinéraire et les escales et destinations à la journée ne manquent pas donc, et on trouve une multitude de ports et d’ancrages un peu partout. Les plaisanciers qui passent deux semaines dans la région peuvent également envisager de faire le tour des îles corses, qui représente une distance d’environ 300 milles marins. Mais si vous vous rendez en Sardaigne pour la première fois, l’archipel de la Maddalena et les nombreux ports, villes et baies voisines sur la côte nord-est dentelée devraient amplement vous suffire.
BON À SAVOIR : LE CONSEIL DU CAPITAINE
Frontières : la frontière qui traverse les Bouches de Bonifacio, qui mesurent seulement quelques milles marins de large, implique de basculer entre l’Italie et la France. Mis à part le changement de drapeau de pays hôte, ce n’est pas un problème.
Marinas : les installations portuaires offrent un bon standing (elles sont toutes accessibles sur le canal VHF 09) et le personnel vous aide presque toujours pour le mouillage – un service inclus dans les tarifs de mouillage haut de gamme.
Accès : Olbia, au nord-est de la Sardaigne, est également facilement accessible en ferry. Un bateau fait le trajet quotidiennement depuis Piombino par exemple et la traversée prend environ six heures. L’aéroport d’Olbia est aussi accessible depuis les aéroports européens.
Navigation : une fois encore, dans un souci de sécurité, les très nombreux rochers (émergés ou non) qui bordent les côtes requièrent une attention particulière durant la navigation !
Courants : dans les Bouches de Bonifacio et dans les passages étroits des îles de la Maddalena, les courants peuvent être clairement perceptibles suivant le vent.
Destinations phares : l’ancrage de Cala Giorgio Marino, formé par trois îles de la Maddalena et protégé de toutes parts, est réputé. Pour beaucoup, il ne faut pas non plus manquer les îles Lavezzi juste à côté (qui appartiennent à la France), et en particulier l’ancrage de Cala Lazarina.
Sensations fortes : la côte est également populaire auprès des surfeurs et kite-surfeurs en raison de ses conditions de vent. Dans la double baie de Porto Puddo et Porto Liscia, vous pourrez facilement jeter l’ancre, louer l’équipement et vous y essayer vous-même.
Stationnement : Frais : si vous n’achetez pas le ticket pour le parc national de la Maddalena (qui coûte environ trois euros par mètre et par jour) avant votre arrivée (disponible en ligne et dans les marinas sur place), vous paierez environ 40 pour cent de frais en plus au poste de contrôle.