Les fonds Marins – Notre passé et notre avenir

Car depuis plusieurs décennies les yeux de nos scientifiques sont majoritairement tournés vers le ciel en quête de réponses sur notre passé ou à la recherche de solutions pour l’avenir.

Cette conquête spatiale cristallise tellement de financements publics et privés, que nous en savons plus sur les astres voisins que sur nos propres fonds marins.
C’est un fait, la surface de Mars est mieux cartographiée que le fond de nos océans.

Un univers hostile mais plein de vie

Une pression cent fois plus forte qu’à la surface de la terre, pas d’oxygène, un paysage glacial à première vue désolé, avec des montagnes, des canyons, des plaines et même des volcans. Ceci n’est pas la description d’une planète au fin fond de notre système solaire mais bien de nos fonds marins.

La vie telle que nous pensions la connaitre y semble hautement impossible, et pourtant les abysses sont remplies de créatures tellement étranges et différentes de ce que nous avons l’habitude de croiser, que même les meilleures fictions hollywoodiennes auraient eu du mal à les imaginer.

C’est établi, la vie sur notre planète, avant de se développer et gagner les continents, vient des océans.

Ce que nous ne savons pas c’est comment elle est apparue, car la création de la vie à partir des éléments chimiques disponibles sur notre toute jeune planète doit regrouper un certain nombre de facteurs et de conditions. Mais la communauté scientifique dispose de certaines pistes intéressantes…
Dans les années 70 les premières sources hydrothermales ont été identifiées. Ce sont des cheminées sous-marines qui se forment généralement à quelques kilomètres au-dessus des chambres magmatiques, souvent à proximité d’une ligne de faille.

La chaleur fragilise la roche qui laisse entrer de l’eau de mer par infiltration formant des poches.
C’est poches d’eau sont ensuite surchauffées et remontent sous pressions, détachant sur son passage roche, minéraux et sédiments formant ces conduits. Cette « soupe » brûlante qui en sort contient les éléments chimiques nécessaires à la formation de la vie.

Cette hypothèse est en plus étayée par le fait qu’à ces profondeurs, ces cheminées font office d’oasis avec des écosystèmes et des formes de vie complexes et endémiques.
La question est de savoir si ces organismes ont vu le jour à cet endroit où l’ont simplement colonisé.
Quoi qu’il en soit cela prouve que la vie est capable de survire et s’adapter dans des milieux réputés inhabitables.
 

L’avenir de la médecine…

Les organismes vivants et ayant évolué dans cet environnement hostile ont dû développer des caractéristiques pour contrer les difficultés physiques de ce monde aveugle.

Le manque de lumière, d’oxygène, de nourriture, la pression, la température, les prédateurs…ont été les moteurs de leur évolution. Ces mutations ouvrent donc la voie à des applications médicales offrant d’incroyables perspectives.

Des milliers de molécules ont déjà été isolées suite à des prélèvements sur un grand nombre d’espèces sous-marines de toutes profondeurs. Problème, le chemin vers la commercialisation d’un médicament est long et très couteux.

Néanmoins on compte actuellement sur le marché une quinzaine de traitements issus des océans.
La plupart de ces médicaments traitent des cancers, mais l’on trouve aussi un antiviral contre l’herpès provenant d’une éponge de mer et un analgésique issu d’un escargot.
Ces progrès plus que prometteurs ouvrent la voie à de nombreuses applications diverses et variées pour soigner ou traiter de nombreuses maladies et infections grâce à ces nouvelles molécules.

…et peut être de l’homme

Au-delà de la recherche de la vie, la conquête spatiale a pour but de chercher un plan B pour le jour où la surface de la terre ne sera plus habitable. Et ce jour arrivera, nous avons a priori plusieurs dizaines de siècles devant nous, même si par notre mode de vie dispendieux, nous semblons faire de notre mieux pour réduire cette durée….

Faute de trouver une exoplanète nous permettant de nous extirper de notre astre une fois inhabitable, créer des citées sous-marines semble constituer une solution sérieuse à l’abri de la chaleur (ou des glaciations) des rayonnements cosmiques et même des astéroïdes.

Evidement nous parlons là de science-fiction mais la probabilité que la vie terrestre retourne à l’océan (d’où elle vient) est plus probable que de la voir partir vers l’espace.

Un enjeu stratégique

«… il existe au fond des mers des mines de zinc, de fer, d’argent, d’or qui seraient très certainement facilement exploitables ».
Pourtant écrite en 1869, cette phrase du capitaine Nemo, tirée de « 20.000 lieues les mers » de Jules Vernes est étonnamment proche de la réalité.
Surtout pour ce qui est de l’abondance des matières premières. Là où il se trompe c’est sur la facilité d’exploiter ces ressources.

Cette réalité est connue depuis longtemps ; l’accessibilité des minerai à la surface et surtout la difficulté technologique de l’extraction sous-marine a éloigné l’humanité de cette convoitise.
Mais la demande toujours croissante et les progrès techniques apportés par le XXIème siècle ont relancé cette course à l’exploitation sous-marine.
Conscient du penchant de l’humanité pour le pouvoir et l’enrichissement, l’Autorité Internationale des Fonds Marins a été créée dans les années 70. Cette organisation gérée par l’ONU a pour but de règlementer les activités sous-marine.

La zone allant de -200m jusqu’au plancher océanique représente de loin le plus grand « espace exploitable » sur notre planète.
Aujourd’hui environ 50% de cette zone (les plus accessibles donc les plus exposées) est protégée par la règlementation de l’Autorité Internationale des Fonds Marins.
 

En conclusion ce qui fascine l’homme dans la conquête spatiale c’est surtout la recherche de vie extraterrestre. Mais pour le moment aucun signe n’émane du vide intersidéral. Elle existe probablement quelque part, mais les distances à traverser sont immenses et en plus de cela, expansion oblige, tout s’éloigne. Il y a de fortes chances que dans le rayon restreint de notre système solaire nous ne trouvions au mieux que quelques bactéries. Nos abysses sont bien plus accessibles et riches de vie. Elles nous en apprennent déjà beaucoup sur notre origine et représentent un potentiel incroyable pour notre avenir.
L’exploration et la protection de cet environnement devraient être une priorité.

Si l’interrogation est de savoir s’il faut privilégier la recherche scientifique sous-marine à l’exploration spatiale posez-vous la question suivante :
Est-il plus coûteux, dangereux et polluant d’essayer d’extirper un appareil de plusieurs tonnes rempli de combustible hors de notre atmosphère, ou de faire couler un engin grâce à la seule gravité ?